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de l’écriture sainte.

fût l’œuvre de Zoroastre, son antiquité n’approcherait pas de celle du Pentateuque. Anquetil suppose que Zoroastre est né 589 ans avant Jésus-Christ [1]. Selon Beausobre, ce législateur des Perses était contemporain de Pythagore qui mourut la troisième année de la LXXe olympiade c’est-à-dire l’an 495 avant Jésus-Christ[2]. Thomas Hyde dit qu’il vivait sur la fin de la monarchie des Mèdes, sous le règne de Guschtâsp, que les Grecs ont traduit Υ̓̀στάσπης, Hystaspe, et les Arabes Wischtâsph ; et il le prouve par un grand nombre de passages extraits d’auteurs persans et arabes[3].

Quant aux Védas, il faudrait pour établir solidement leur antiquité, qu’elle reposât également sur quelques monuments certains. Or, W. Jones ne laisse aucun espoir qu’on puisse jamais former un système d’histoire chez les Hindous, parce qu’un sujet si obscur par lui-même le devient encore davantage par les nuages de fictions dont l’ont entouré les Brahmanes, qui par orgueil ont voulu se donner à dessein une antiquité mensongère ; de sorte qu’on doit se trouver heureux quand on peut s’appuyer sur de simples probabilités[4]. Wilson avoue que dans le système de géographie, de chronologie et d’histoire de ce peuple, il n’y a qu’une absurdité monstrueuse[5]. Suivant Bentley, auquel, il faut l’avouer pourtant, beaucoup d’indianistes n’accordent pas une grande autorité, suivant Bentley, disons-nous, il n’est pas un seul point d’histoire ou de chronologie antérieur à Jésus-Christ que l’on puisse fixer, ne fût-ce même qu’avec une sorte de vraisemblance[6]. Il est vrai que Henri Thomas Colebrooke semble faire remonter l’origine des Védas jusqu’au xive siècle avant l’ère chrétienne ; mais ce savant ne fonde son opinion que sur des calculs astronomiques fort incertains, et encore ne la donne-t-il lui-même que comme une conjecture tout à fait vague et qui par conséquent ne mérite pas beaucoup de confiance[7]. « Les tables astronomiques des

  1. Zend-Avesta, tom. I, sec. partie, pag. 60.
  2. Hist. des Manich tom. I, pag 31
  3. Veter. Persarum etc., religionis historica præf. pag 1, et cap.  XXIII, XXIV. Or, voici comment Hyde désigne ce roi : « Is, tacitâ prosapià paternâ, vocatur Hystaspes, Darii pater, vel, vice versâ, Darius, Hystaspis filius. Sed sive vocetur Darius, sive Hystaspes, apud omnes convenit, quod fuit Xerxis pater… Iste rex in omnibus Persarum et Arabum libris vocatur Guschtâsp, filius τοῦ Lohrâsp (cap. , pag. 303, édit.). »
  4. « We must be satisfied with probable conjectures (Asiatic researches. Tom. II, pag. 145) »
  5. « Indeed their systems of geography, chronology and history are all equally monstruous and absurd (Ibid. Tom. V, pag. 241-296). »
  6. Asiat. researches Tom. VIII, pag. 195-245. On peut voir encore d’autres preuves incontestables de ce manque absolu de toute histoire chez les Hindous, dan ce même ouvrage, tom. IX, pag. 82-243.
  7. « This, it must be acknowledged, is vague and conjectural (Ibid. Tom. VII,