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de l’excellence ou de l’autorité.

authentique ; qu’elle ne renferme aucune remarque de géographie ni de chronologie et qu’elle est sans suite et sans liaison. Fréret avoue que la partie qui comprend l’histoire des temps antérieurs à la dynastie de Han (206 avant Jésus-Christ) n’a été ni écrite sur les mémoires contemporains, ni publiée après un examen authentique, et que c’est une histoire restituée après coup[1]. Le P. Ko, missionnaire chinois, dit en donnant des preuves irrécusables de son assertion : « Il n’y a pas de lettrés à la Chine qui ne sachent qu’il y aurait de la démence à ne pas voir que notre chronologie ne remonte d’une manière je ne dis pas certaine et indubitable, mais probable et satisfaisante, que jusqu’à l’an 841 avant Jésus-Christ. Sied-il bien à des poètes, philosophistes et chroniqueurs, de contester sur un point regardé comme décidé depuis bien des siècles par les plus savants hommes de la Chine[2] ? » Le témoignage de ce missionnaire est d’un poids d’autant plus grande que sa qualité de Chinois le mettait en état de discuter au milieu des lettrés de sa patrie tout ce qui en concerne l’histoire[3]. Joignons à ces preuves l’autorité d’un écrivain dont le jugement ne peut pas être suspecté ici : « Szü-ma-zian, dit J. Klaproth, commença son histoire par l’année 2637 avant Jésus-Christ sous le titre de Zü-ki, et il la continua jusqu’au commencement de la dynastie de Tschang. Quoiqu’il eût à sa disposition beaucoup de documents l’histoire de la Chine antérieure au ixe siècle avant Jésus-Christ n’en demeure pas moins incomplète et incohérente ; car les sources où il puisa n’étaient pas toujours d’accord. Ce n’est même que cent ans plus tard que disparaissent les divergences de la chronologie[4] ». L’origine des Kings nous est par là même tout à fait inconnue ; quant à leur rédaction dans la forme actuelle, elle est enveloppée de ténèbres non moins épaisses. Ce qui ressort évidemment de tout ceci, c’est qu’on serait bien mal avisé, si on voulait encore les comparer au Pentateuque.

Nous nous étendrons peu sur le Zend-Avesta : en admettant qu’il

  1. Voy. Mém. de l’Acad. des inscriptions, t. XVIII, et la Dissert. de Fréret sur l’antiq. et la certitude de la chronologie chinoise, t. X. des mêmes Mémoires. — Nous connaissons les objections faites contre les assertions de ces deux savants ; mais, nous ne craindrons pas de l’avouer, elles ne nous ont point paru assez concluantes, pour nous croire obligé des les adopter.
  2. Voy. Essai sur l’antiquité des Chinois dans les Mémoires concernant les Chinois, tom. II, pag. 240.
  3. On lit dans le Magasin Encyclopédique de A. L. Millin (année 1815, t. V, pag. 220, note 2) : « Le P. Cibot, s’est plu à mettre cet ouvrage (celui que nous venons de citer) sous le nom d’un prétendu Père Ko, jésuite chinois. Mais son style le fait aisément reconnaître. » Cette observation nous semble peu judicieuse ; car le P. Ko peut avoir fourni le fonds de cet essai au P. Cibot, qui l’aura rédigé à sa manière et dans son propre style.
  4. Asia Polyglotta, p. 12.