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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/102

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L’Impassible.

À Charles Baudelaire.

Je suis belle, ô vivants ! comme un rêve de pierre.
Les Fleurs du Mal.



Je suis la courtisane aux majestés cruelles !
Ce n’est pas moi qui vais offrir dans les ruelles
Mes appas que recouvre un chiffon de velours ;
À l’immobilité, calme, je m’habitue ;
Mes yeux, comme les yeux mornes d’une statue,
          Ont des regards pesants et lourds l

Je trône sur les cœurs, moi dont le cœur est vide ;
L’écheveau de mes jours lentement se dévide,
Et je ne veux savoir rien, jamais rien, sinon
Qu’on ne peut égaler ma beauté sidérale,
Et qu’avec mes cheveux, blonde et fauve spirale,
          J’embraserais le Parthénon !

Ce qui soulève seul ma gorge régulière,
C’est l’air que je respire, et comme on voit le lierre
Couvrir le marbre froid de ses plis tortueux,
Sans que je fasse rien, la pourpre éblouissante
Se drape, d’elle-même, heureuse et frémissante,
          Près de mon corps voluptueux.