Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/103

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Regardez, ivre d’or, tomber ma chevelure
Aux parfums énervants sur ma riche encolure ;
Je ne daigne rien voir avec mes yeux divins,
Qui, sous mes noirs sourcils, ont un éclat farouche,
Et même les baisers ne froissent pas ma bouche,
          Qu’arrose la rougeur des vins.

Pour activer en vous l’aiguillon qui fustige
Les désirs effrénés et donne le vertige,
Je n’ai parlé jamais, jamais je n’ai chanté,
Comme la Pandémie, une ode provoquante,
Car tes cris, tes fureurs pâlissent, ô Bacchante !
          Devant la muette Beauté !

Mais, pour dompter les sens, j’ai l’étrange mystère
De la ligne et du rhythme égal que rien n’altère ;
J’ai mes deux bras croisés qui s’ouvrent quand je veux
Êtreindre l’idéal sur ma poitrine ferme ;
Jai mon buste que nul corset hideux n’enferme,
          La lumière de mes cheveux !

L’orgueil anime seul mes traits inaltérables,
Mais ils n’ont pas compris, mes amants misérables,
Ces grandes voluptés et leur charme vainqueur !
Ils m’ont voulu donner leurs ridicules fièvres ;
Toujours inassouvis et penchés sur mes lèvres,
          Ils ont questionné mon cœur !