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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/119

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Ses flancs fument noyés dans un épais brouillard ;
Elle veut respirer, et sa tête contemple,
Pleine d’un sombre effroi, cet horizon fuyard
Sans cesse plus épais, plus sinistre et plus ample.

Ô femme ! quand ta gorge, où perle la sueur,
Semble demander grâce, et quand tes yeux où nage
Un enfer, sont pâlis et n’ont plus de lueur,
Je sens croître l’Amour et la Haine sauvage !

En route ! Cette course est effrayante ! Il faut
Que la cavale, enfin, sur le sol abattue,
Dût-elle m’écraser, tombe avec un sanglot,
Il faut que je l’épuise ou bien qu’elle me tue !

Et la course reprend ! — Les astres en ont peur ; —
Les halliers, les buissons, les chênes centenaires,
Ne font autour de nous qu’une grande vapeur,
Et nous n’entendons plus les éclats des tonnerres !

Cette course, ô Chimère au regard altéré !
Cette course parmi les monts et les broussailles,
S’arrêtera le jour où je t’enfoncerai
Mes éperons sanglants jusqu’au fond des entrailles !