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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/121

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Mais comme je sais bien, sous la vaine grimace
De cet amour menteur et contrefait, trouver
La haine qui grandit furieuse et s’amasse
Dans ton sein, que parfois l’horreur fait soulever !

Tu crois que je n’ai pas, lorsque sur ta poitrine
Tes baisers tri écrasaient et que nous confondions
Nos sens dans une extase effrayante et divine,
Senti monter à moi tes malédictions !

Oh ! comme tu souffrais en cachant cet orage,
Dont les bouillonnements faisaient rompre ton cœur !
Moi, je buvais les pleurs savoureux de ta rage,
Et je te caressais, comme un cruel vainqueur !

Comme un cruel vainqueur qu’une furie anime,
Et qui fouette, en hurlant de plaisir, le troupeau
Des captifs, comme un chat dont la patte s’escrime
À flatter en traînant ses ongles dans la peau.

Et lorsque, succombant au lourd sommeil, ma tête
Verra fuir la couleur confuse et le dessin
Des objets, il faudra que ta gorge soit prête
À faire à l’ennemie un moelleux coussin.

Car, tu ne le sais pas, esclave méprisée,
Je me venge sur toi des maux que j’ai soufferts
Quand celle que j’aimais, faisant une risée
De l’amour, se livra pour des bijoux offerts.