Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/122

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Comme toi, maintenant, la vile créature
Se tord sous les baisers d’un acheteur qui vient
Donner à son désir cette riche pâture
D’un corps que tout le monde en le payant obtient

Voilà pourquoi je veux, vivante marchandise,
Épier le secret de tes mornes ennuis,
Et je veux que ton cœur exaspéré me dise
Les horribles dégoûts des amoureuses nuits !

Ne crois pas qu’enfermant tes yeux maudits, tu puisses
Saisir, pour un instant, le vague souvenir
De ce temps où, marchant à travers les délices,
Comme un immense amour tu voyais l’avenir.

Non ! les jours ne sont plus où, de voluptés ivre,
Le bel adolescent te serrait dans ses bras
En disant : — Si tu veux, ô toi qui me fais vivre !
Ô mon âme ! une étoile à tes pieds, tu l’auras !

Et sa voix implorait les suaves caresses
Qu’un maître impérieux te réclame aujourd’hui.
À peine s’il osait, toucher les blondes tresses
Que ton amant du jour fait rouler devant lui.

Ce n’est plus l’amoureux des premières années,
Dont les regards voilés de pleurs disaient les vœux ;
Les roses d’autrefois sont à présent fanées ;
Il priait doucement, et moi je dis : Je veux !