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Les Antres malsains.

À Charles Bataille.


I



Sans craindre que le vent nauséabond altère,
Muse, avec tes rosiers la neige de tes seins,
Tu peux, fille robuste à la parole austère,
Pénétrer avec moi dans les Antres malsains,

Dans les gouffres du rire et des pleurs lamentables,
Des haillons que le vin a rougis tristement,
Où, harassé d’ennui, les coudes sur les tables,
Se vautre le bétail de l’abrutissement.

Là jamais le soleil n’entre que par les fentes
De sinistres volets où l’ivrogne a heurté ;
Ici l’on connaît bien tes chaleurs étouffantes,
Mais non pas tes rayons divins, joyeux Été !

C’est là que le vieillard vient aux heures nocturnes
De son désir mourant secouer la torpeur,
Et demander tout bas aux filles taciturnes
Les effrayants baisers dont les amants ont peur.