Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/157

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À Ernest d’Hervilly.


 
Pas devers aujourd’hui, Muse ! puisque y attends
Cette fille de Flandre aux regards éclatants,
Qui m’a promis, hier, de m’apporter sa joie.
Sa gorge fait craquer le corsage de soie,
Et le buste éblouit les yeux par sa rondeur,
Pendant que ses cheveux, massés avec lourdeur,
À son front bas et pur forment une couronne.
L’insolente santé de son corps l’environne
Comme un nimbe palpable, et, dans cet air léger,
Joyeuse et colossale, elle semble nager.
     Et je ferais des vers ! quand cette créature,
Toute grâce enfantine en sa haute stature,
Va venir ! mais sa lèvre à l’arc délicieux,
Avec ses longs baisers, ne vaut-elle pas mieux
Que les méchants sonnets qu’un poète peut faire ?
Rimer une chanson d’amour, la belle affaire !
Quand mes doigts en ! iévrés vont errer librement
Sur la sainte blancheur de ce buste charmant,
Et que, des flots épars du velours, fière et nue,
Elle va m’apparaître, ainsi que sous la nue
Les déesses de marbre au sourire éternel,
Et chanter, pour mes yeux, son poëme charnel !