Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/221

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À la Vallée du Denacre.



     Ô Denacre, ô vallée où les senteurs divines
Errent avec amour sous les feuilles ; ravines,
Enclos mystérieux, retraites, escaliers
De verdure ; massifs où chantent par milliers
Les oiseaux vagabonds qui t’emplissent de joie,
Salut, vallée heureuse ! Oh ! laisse, que je noie
Mon âme dans ton calme et ton silence aimés ;
Arrondis sur mon front tes dômes parfumés !
Je veux dire à tes fleurs et dire à tes fontaines,
À tes mousses, à tes frondaisons incertaines,
Je veux dire combien tu m’es chère, oasis
Où se plairait Climène auprès de son Tircis,
Terre qu’un souvenir pour mon âme consacre,
Tempé jeune et charmante, ô vallée, ô Denacre !
     N’as-tu pas abrité cet amour vite éclos
Qui doit vivre ignorant des pleurs et des sanglots,
Cet amour doux et fier qui me prit au passage,
À qui ta brise amie a servi de message,
Et que depuis je porte, et que je garderai
Ainsi qu’il est venu dans mon cœur éclairé,
Par un matin de juin, au chant des sources pures,
Sous tes feuillages verts, pareils à des guipures !
Nous nous sommes assis tout auprès du moulin,