Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/23

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Mais le jeune Albert y ajouta une miette d’ambroisie. Âgé de quinze ans à peine, il explora le grenier de la maison paternelle. Les greniers sont en province et à la campagne des réduits pleins de mystère où les garçons curieux font de merveilleuses découvertes. Je n’en veux pour exemple que Jean-des-Figues et la malle du cousin Mitre. « On l’avait reléguée, cette malle, au plus-haut, sous les combles, pêle-mêle avec les buffets vermoulus, les tableaux sans cadre et les vieux fauteuils hors d’usage. C’était la malle du pauvre Mitre[1]. » Jean-des-Figues l’ouvrit et y trouva diverses choses, telles que gants, pantoufles et portraits de femme, pipe turque et lettres d’amour, qui firent de lui, pour le reste de ses jours, un fou et un poète. Albert Glatigny fit dans le grenier du gendarme une de ces trouvailles qui, comme la lampe

  1. Paul Arène. La Gueuse parfumée, page 23. — Je parle de Jean-des-Figues comme je parlerais de Candide. Jean-des-Figues s’ajoutera, à son heure, aux petits classiques français. Avez-vous remarqué que les livres qui deviennent classiques sont précisément ceux qui l’étaient le moins lors de leur apparition ?