Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/24

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merveilleuse d’Aladin et la malle du cousin Mitre, prédestinent celui qui les découvre à une destinée singulière. Albert Glatigny trouva, au milieu des vieilles caisses, un livre, et ce livre n’était pas, comme on pourrait le croire, le double ou le triple Liégeois, le Messager boiteux, l’Histoire d’Estelle et de Némorin, la Clé des songes, les Quatre fils Aymon, la Cuisinière de la ville et de la campagne, la Bibliographie du général Cavagnac, l’Invention de la vraie Croix, livres à l’usage des bons villageois ; c’était un tome dépareillé des Œuvres de messire Pierre de Ronsard, gentilhomme vendomois. Cet illustre bouquin, sorti en 1560 des presses de Gabriel Buon, dormait là dans la poussière, après trois siècles d’injure et d’oubli, dans un silence troublé seulement par les grignotements sourds des rats et les appels plaintifs et les querelles des chats inquiets. Le jeune Albert Glatigny ouvrit le livre et, chose merveilleuse ! il comprit ce vieux et fier langage, ce beau parler latin, ces façons galantes, ces bravoures de rythme, ces images antiques, ces figures de dames et