Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/252

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Tant d’hommes fiers, et que pleurent
Autant de beaux yeux là-bas ?

Ruy Diaz, dans la bataille,
Balance sa haute taille :
Son œil flambe ! Dans sa main
Tourne sa lance brillante
Qui par la plaine grouillante
Lui fraye un large chemin.

Un cavalier se présente
À l’allure menaçante.
« Ah ! fait don Ruy, bien content,
C’est toi, comte de Savoie ?
Béni le ciel qui t’envoie
Sur ma route en cet instant ! »

Il prend sa barbe à main pleine,
Le renverse sur la plaine,
Et, lui posant le genou
Sur la poitrine, il s’exclame :
« Comte ! le ciel ait ton âme !
Pourquoi venir là, vieux fou ?
 
Tu connais, bonne pratique,
Le drap dont je tiens boutique ?
Trouves-tu qu’il soit trop cher,
Puisque j’en mesure l’aune
Juste à la valeur d’un trône ? »
L’autre frissonne en sa chair,