Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/276

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Une Exécution.


— Les gendarmes avaient pris l’un des nôtres, Pierre
Antoine d’Altagène, un brave à la paupière
Que l’éclair ne faisait baisser, ni le soleil,
Et qui, même entre nous, n’avait pas son pareil
Pour descendre son homme et sauter d’une roche
Lorsque des voltigeurs on reniflait l’approche.
Il fut pris lâchement, par trahison, pendant
Qu’il dormait, car c’était un homme très-prudent
Un berger d’Evisa l’avait livré, sans honte !
— Celui-là, ce fut moi qui lui réglai son compte :
Deux balles, l’une au front, l’autre au cœur, tout fut dit,
Puis je poussai du pied le corps de ce maudit,
Le donnant en pâture aux corbeaux d’Aïtone. —
Mais Antoine était pris. — Ah ! sang de la madone !
On devait payer cher cette prise !
On devait payer cher cette prise !On lia
Notre ami, puis il fut conduit à Bastia,
Et là, mis en prison, entre quatre murailles.
Les gendarmes étaient joyeux, — tas de canailles !
Enfin, après deux mois on lui fit son procès.
Ce fut long. Des bavards qui parlaient en français
L’insultaient, l’appelaient voleur. C’était infâme
Et faisait bouillonner la colère dans l’âme.
Mais après tout c’étaient des gens du Continent,