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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/288

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I

Prologue.


Plus tard, vieux rossignol sans gosier, vieux poète
Noyé dans un habit d’académicien,
J’irai, lugubre à voir, triste et hochant la tête,
Rabâchant vaguement quelque propos ancien.

En ce temps-là j’aurai, sur bien des tombes closes,
Prononcé de pompeux discours très-applaudis,
Et je rebuterai, par mes dehors moroses,
Les poètes nouveaux, ces merles étourdis.

Je crîrai : « Laissez-moi tranquille avec vos odes !
À mon âge on relit les livres déjà lus ;
Puis mon corps n’est pas fait à vos nouvelles modes,
Ô jeunes gens, soyez sobres, je ne bois plus ! »

Quelquefois, par les soirs d’été, quand la caresse
De la brise fer a tressaillir les grands bots,
La Muse, surmontant l’angoisse qui l’oppresse,
Viendra me dire ; « Ami ! que devient donc ta voix ?