Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/298

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Hélas ! que diront-ils, ces pauvres fils d’Icare
Que tout nouvel élan fait retomber meurtris,
Et qui, des deux rêvés où leur esprit s’égare,
Reviennent parmi nous blêmes, glacés, flétris ? »

Plus pompeux que Maubant quand il fait Théramène,
Casimir s’écria : « Ceux-là, mon fils, riront
À tout ce qui sourit dans la nature humaine,
Au soleil, à l’air pur qui caresse leur front.

Quand soufflera sur eux le vent de la tourmente,
Ils se diront qu’il n’est pas d’éternels hivers ;
Qu’après le glas pesant sonne l’heure clémente ;
Ils aimeront les fleurs, la musique et les vers.

Ils aimeront Margot, le jour où Cidalise
Se détournera deux avec son air moqueur,
Car leur âme est un champ qu’un regard fertilise ;
Car le vide jamais n’a sonné dans leur cœur.

Ils aimeront la lutte et la feront sereine ;
Ils ne maudiront rien, même s’ils sont vaincus,
Et, s’ils doivent rester étendus sur l’arène,
Ils souriront encore à tous les jours vécus.

Et lorsque, par hasard, une claire embellie
Luira dans leur orage, ils en profiteront :
Ils donneront cette heure aimée a la folie ;
Les ennuis, s’il en est, cette heure-là fuiront.