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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/61

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commun, accords épars, notes isolées, dont l’ensemble doit composer un étrange charivari.

Et cependant avec quelle foi, avec quel amour ont été écrits ces vers que vous me demandez, mon ami ! Là peut-être est le secret du succès éphémère qui les accueillit à leur apparition.

Vous le voulez, je le veux bien, exhumons ces morts oubliés, mais tels qu’ils étaient, sans fard sur la joue, sans retouches savantes. Je n’écrirais plus Les Vignes folles aujourd’hui, et il y aurait trop à refaire pour les corriger. D’ailleurs, de même que l’on conserve les portraits d’un homme aux différents âges de sa vie, il est bon de conserver les portraits distants de l’âme d’un poète. Toutes ces choses puériles, enfantines, ces grandes douleurs à propos d’une piqûre d’épingle, c’est la vérité après tout. Fortunio dit : j’en mourrai ! avec conviction. Plus tard, gras, riche, positif, il sourit en songeant aux déclamations des premières années qui, maintenant, seraient grotesques dans sa bouche.

Hélas ! je n’ai jamais été Fortunio. Réimprimons donc ces chansons, avec la date de