Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/70

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Ô vase merveilleux, coupe où le ciseleur
A fondu, réunis aux riches astragales,
Les pampres où se pend le faune querelleur,
Et sous les frais gazons tes agiles cigales !

Je ne veux pas savoir si tes flancs arrondis
Renferment le vin pur a l’onde étincelante,
Ou bien les noirs poisons qui dorment engourdis,
Comme dans un marais la fange purulente.

Victorieuse blonde, ô fille de Scyllis,
Souveraine, déesse, ô forme triomphante,
Corps fait de pourpre vive et de neige et de lis !
Par la joie et l’amour que ton aspect enfante,

Ne crains pas que jamais mon regard indiscret
Poursuive tes pensers dans leur sombre retraite ;
Devant moi si ton cœur de lui-même s’ouvrait,
Pour ne pas regarder, je tournerais la tête !

Qu’importe ce qui vit derrière le rideau,
Quand dans ses larges plis l’or éclate et foisonne ?
N’arrachez pas encore a mes yeux leur bandeau,
Rien ne saurait valoir tout ce qu’il emprisonne.

L’idéal, c’est ta lèvre et ses joyeux carmins,
Tes regards aveuglants qu’un soleil incendie ;
La vertu, c’est ton bras si flexible et tes mains ;
La pudeur, c’est ta gorge insolente et hardie !