Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/75

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Des vers où le poète oublie
Tout, hormis la sainte folie :
Des vers, enfin, qui soient des vers l

Viens donc, Ronsard, maître, et me livre
Toutes les splendeurs de ton livre
Radieux comme un ostensoir ;
Dans tes bras je me réfugie,
Et veux, divine et noble orgie,
Être ivre de rimes ce soir !



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Partie de campagne.



Pendant que le soleil luira sur nos deux fronts,
Demain, si tu le veux, nous nous embrasserons ;
Nous irons au hasard, ô petite Laurence,
En devisant gaîment, et, j’en ai l’espérance,
L’air se fera plus chaud, et les vents bienheureux
Annonceront au bois qu’il vient des amoureux.
     Nous nous éveillerons, primevères tardives,
Ô fleurs encore à naître, ô plantes maladives
Dont le cruel hiver empêchait le retour,
Mais qu’Avril nous rendra, puisqu’il nous rend l’amour.
Viens, donnons le signal aux merles, aux linottes ;
Demain le rossignol, éparpillant ses notes,
Jettera vers le ciel son cantique éperdu,
Tout honteux qu’on ne Paitpas encore attendu