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Me parlaient de ce jour où notre République
Se dresserait, tenant le rameau symbolique,
Sur le monde ébloui qui la vénérerait.
Ô dans les pins, le vent qui remplit la forêt !
Te voilà mort, et mort pour la ville sans gloire
Qui recula devant la lutte et la victoire !
Oh ! ton sang jeune et pur, j’en veux marquer au front
Ces hommes sans pudeur, ces hommes qui vivront
Sous le mépris et sous la haine universelle !

Toi, dors en paix, enfant. La lumière ruisselle
Sur ton jeune cercueil, et l’on est fier de toi,
Soldat mort plein d’ardeur et d’amour et de foi !
Dors avec les héros, repose avec les braves !
C’est de pareils tombeaux que sort, aux heures graves,
Le saint enseignement, l’exemple bon pour tous.
Notre cœur devant eux est plus ferme et plus doux,
Et cette Cornélie auguste, la Patrie,
Aux autres nations, avec idolâtrie,
Montrant le vert gazon où ses enfants loyaux
Sont couchés dans la mort, dit : « Voilà mes joyaux ! »


Beaumesnil, 22 décembre 1870.