Non, laissez-moi parler encore, mais de vous, de vous seule. Laissez-moi vous demander pardon de cette plainte d’isolement. Isolé ! Le suis-je, puisque je vous ai ?… et dans la mort, j’emporterai la douceur de votre sympathie.
Vous ne mourrez pas, non, vous ne mourrez pas !
Ne pleurez pas, mignonne. Je suis si content de m’en aller ; voyez-vous ! L’existence ne me donnera plus rien, et vous qui pleurerez demain ma mort, regretteriez bientôt ma vie.
Ne dites pas cela, je vous en conjure !
Le bonheur n’était pas pour le pauvre poète. Et même, dernière ironie, je vous ai connue alors que mon âge m’interdisait d’aimer vos vingt ans…
Ne pleure pas, ma petite, tu garderas toujours la douceur du souvenir ; tu as fait du bien à un malade, tu as sauvé de la solitude la mort du poète. Jeanne, tu seras bénie et aimée, comme j’aurais su te chérir, si je n’avais été un vieillard.
Vivez ! Vivez pour moi !
Pauvre petite, votre sensibilité vous entraîne et je vous remercie de cette aumône toute pure de votre âme. Je sens que je m’en vais. (sa voix faiblit). À ma dernière heure, j’ai soif d’un