Page:Gley - Langue et littérature des anciens Francs, 1814.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

première et la dernière page du manuscrit, un autre copiste en profita pour y transcrire le commencement du petit poëme épique, où un Franc, qui peut avoir vécu à Fulde, ou dans les environs, a chanté le combat de Hathubrand contre Hilldebrand son père. Sur les mêmes feuillets, où se trouve ce morceau de littérature francique, on lit plusieurs fois en lettres majuscules, le mot Bagarolf ; c’est probablement Baugulfe, qui était abbé de Fulde vers la fin du huitième siècle (96). Notre fragment, qui d’abord a été publié par Eckhart (97), et 80 ans plus tard par Reinwald (98), prouve que les bardes des anciens Francs connaissaient ce genre de poésie épique, que les Minnesinger, leurs successeurs, ont cultivée avec tant de succès. Un caractère particulier de ce fragment, c’est que l’on y trouve l’allittération, que les anciens peuples septentrionaux ont connu longtemps avant la rime ; nous ne rencontrerons de vestiges de celle-ci que dans leur poésie du neuvième siècle[1]. Ce chant épique,

  1. La rime était inconnue aux Hébreux, aux Grecs et aux Latins ; nous ne voyons point clairement qu’elle ait été en usage chez les anciens peuples septentrionaux. Otfride, qui écrivait vers l’an 870, insinue à la vérité dans sa préface à Liutbert,