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brant, était resté parmi les morts, et j’ai bien raison de croire qu’il n’existe plus. » — Hiltibraht, fils de Héribrant, répondit : « Je ne vois déjà que trop bien à ton armure, que tu n’appartiens point à un maître de noble extraction, et que, dans ces contrées, tu n’as encore signalé ton nom par aucun exploit. Ô Dieux qui régissez l’univers ! quel malheur ! quelle destinée fatale m’attend ! Voilà soixante étés, voilà soixante hivers que j’erre dans des contrées éloignées de ma patrie, toujours dans les combats ; partout on me voyait à la tête des premiers guerriers ; jamais aucun homme de guerre n’a eu l’honneur de m’entraîner dans son fort, et de m’y jeter dans les fers ; et aujourd’hui mon propre fils, mon fils chéri, doit lever son épée contre moi ! il doit m’étendre par terre avec sa hache, ou je dois devenir son meurtrier ! Jeune homme, si tu combats avec valeur, il peut arriver aisément, que tu enlèves l’armure d’un homme d’honneur, et qu’après toi tu traînes inhumainement son corps dans la poussière ; fais-le donc si tu en as le droit. Cependant je serais le plus lâche de tous les hommes de l’Orient, si je cherchais à te détourner d’un combat que tu désires avec tant d’impatience. Braves compagnons d’armes, qui nous écou-