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DES ANCIENS FRANCS.

connussent ces peuples. Eginhard les appelle barbares, ces vers, parce qu’ils étaient écrits dans l’ancienne langue des Teutons, qui dans le neuvième siècle, était pour les Francs de ce temps, aussi difficile de comprendre, que les productions littéraires du siècle carlovingien le sont aujourd’hui, non-seulement pour les Francs des Gaules, mais même pour ceux de la Germanie. Qui pourrait me dire où se trouve à présent l’auguste bibliothèque où le grand empereur a déposé cette collection qui faisait les délices de sa journée ? Oh ! si je pouvais apprendre où elle est, je partirais aussitôt ; dussé-je parcourir à pied les vastes états de Charlemagne, j’aurais certainement le bonheur de voir et de lire ces vers antiques que l’on appelle barbares, c’est dans cette source pure que je puiserais ces descriptions poétiques dont il ne nous reste plus que quelques fragments presque inintelligibles, dans les productions publiées long-temps après par les poètes Scaldes et Saxons. Mais Charlemagne avait rendu à la langue de ses pères un service bien plus signalé ; les savants de la nation la négligeaient ; il commença lui-même à la polir, en la soumettant aux règles de la syntaxe et aux institutions de la grammaire (13).