Page:Gobat - En Norvège, impressions de voyage, 1902.djvu/50

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car notre véhicule ne possède ni frein ni sabot. Encore des émotions en perspective ! Drôle de pays, où l’on ne paraît pas se douter qu’il puisse arriver des accidents de voiture ! Cette insouciance est d’autant plus étonnante que les routes suivent toutes les sinuosités du terrain et qu’aucune montée, aucune descente, n’est épargnée au voyageur : dans une contrée aussi accidentée que l’est celle que nous traversions, ce n’est pas peu dire. Heureusement qu’on s’habitue à tout et, pour ne pas donner une trop mauvaise opinion de mon courage, je dirai qu’au bout d’un kilomètre de route j’étais assez aguerrie pour pouvoir admirer le paysage.

Ces longs voyages dans l’intérieur sont remplis d’imprévu, d’autant que le voyageur n’est pas son maître, mais dépend complètement du cheval, du cocher et des abris qu’il peut trouver sur son chemin. Sans vous consulter, le conducteur s’arrête, descend de son siège, enlève le sac des provisions, débride le cheval et lui donne à manger sur la route. Ces haltes qui, lorsqu’elles n’ont pas lieu dans un village ou près d’une ferme, sont indiquées par des poteaux, se font après une heure ou une heure et