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NOTICE

Tous deux, ils eurent une enfance triste, une adolescence amère.

Les parents de Gobineau vivaient séparés. Le jeune Arthur grandit sans connaître la douceur du foyer familial. Il vint à Paris en 1835, à l’âge de dix-neuf ans. Et pendant plus de dix ans, continuellement frustré dans son espoir d’obtenir son indépendance par la littérature, il mena l’existence pénible d’héritier sans fortune dans la maison d’un vieil oncle bizarre.

Enfin la vie finit par lui sourire. Il rencontra une compagne et un ami. En 1846, il épousait Mademoiselle Clémence Monnerot. Quelques années auparavant, il avait fait la connaissance d’Alexis de Tocqueville. Cet homme éminent s’intéressa à lui, l’honora de son amitié, et parvenu au ministère des Affaires Etrangères, en 184g, il le choisit pour son chef de cabinet. Avant de quitter le ministère, M. de Tocqueville ouvrit à son ami les portes de la carrière. Gobineau débuta à Berne, il alla ensuite en Hanovre et à Francfort, puis il représenta la France à Téhéran, à Athènes, à Terre-Neuve, à Rio de Janeiro, à Stockholm. Pendant sa jeunesse studieuse, il avait acquis une érudition extraordinairement variée et presque encyclopédique. Depuis, il avait parcouru une grande partie de l’univers. Il avait vu de près, au hasard de ses voyages, la haute société aussi bien que les mœurs populaires des pays qu’il traversait. Il observait en artiste et en philosophe toutes les manifestations de la vie depuis