Page:Gobineau - Adelaïde - 1914.djvu/35

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Frédéric Rothbanner, si doux, si poli, si affectueux toujours, si spirituel quand rien ne presse, ne faisait pas grande mine et je me l’imagine assez accoudé sur le marbre de la cheminée, dans son attitude toujours élégante, et correcte, mais ne trouvant pas le plus petit mot à dire.

Elisabeth fut un peu surprise de l’apparition de sa fille, et, par son hésitation, elle perdit l’avantage de l’attaque. D’ailleurs, elle ne savait pas ce que la jeune demoiselle avait dans l’esprit.

— Madame, dit mademoiselle d’Hermannsburg d’un ton froid et léger, je vous demande pardon d’entrer ainsi chez vous; mais comme je suppose que monsieur vous a déjà parlé, vous comprenez que la question m’intéresse et si j’ai sujet de me mêler de mes propres affaires. Depuis quinze jours déjà, M. de Rothbanner m’annonce son intention de vous demander ma main; j’y ai consenti, mais chaque matin et chaque soir il m’allègue quelque raison pour n’avoir rien fait encore. Je désire la fin de cette situation, et si monsieur vous a fait connaître nos intentions, je tiens à le savoir. S’il n’a rien dit, je désire qu’enfin il s’explique.

— Mademoiselle, répondit la comtesse, vous n’épouserez pas monsieur de Rothbanner.

— Pourquoi, madame ?

— Parce que M. de Rothbanner m’appartient et m’épouse.

— Répondez, Frédéric, dit Adélaïde en se tournant