Page:Gobineau - Adelaïde - 1914.djvu/36

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d’un air hautain vers le jeune homme. Celui-ci se trouva en face de deux paires d’yeux qui le tenaient en joue et on ne peut pas assurer qu’il fût à son aise. Il cherchait à condenser quelque chose de conciliant dans une phrase qui ne déterminât pas une explosion, quand la comtesse prit la parole.

— Mon Dieu ! je ne comprends pas très bien ce débat et il serait ridicule, il faut en convenir, si votre inexpérience ne l’excusait un peu. Rentrez chez vous et pensez à autre chose.

— Madame, reprit violemment Adélaïde, en croisant les bras sur sa poitrine et en portant alternativement sur sa mère et sur Frédéric des regards où la tempête éclatait, comme je n’ai rien à ménager, je demande ce qui m’appartient; et vous, parlez ! dit-elle en frappant du pied. Vous savez ce qu’il vous appartient de déclarer !

— Et moi encore mieux ! s’écria Elisabeth; tenez, finissons-en et pas de mélodrame ! J’ai l’horreur des scènes et du mauvais ton. Vous pouvez être assurés tous deux que je ne me laisserai écraser ni par l’un ni par l’autre, mais je vous écraserai l’un et l’autre peut-être. Vous, mademoiselle Hermannsburg, vous n’êtes pas majeure et je vous mettrai dans un couvent, en disant pourquoi; vous, M. de Rothbanner, vous vous débattrez avec l’opinion publique qui, peut-être, comprendra mal que dans une maison, la mienne, vous vous soyez permis tant de libertés. Je ne vous donne pas une heure pour choisir, je