Page:Gobineau - Adelaïde - 1914.djvu/39

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c’était une sœur de Charité ! Enfin, il n’y a qu’un mot qui serve: mademoiselle d’Hermannsburg qui, notoirement avait adoré son père, s’en alla passer trois mois chez une de ses tantes à l’époque du mariage de sa mère avec Rothbanner; mais comme il n’était pas moins notoire qu’elle adorait autant sa mère que son père, les trois mois n’étaient pas écoulés qu’elle remuait ciel et terre pour retourner auprès d’elle, ce qui, vu la résistance opposée à son désir, détermina l’ouverture d’une campagne stratégique auprès de laquelle les plus savantes manœuvres des généraux anciens et modernes ne sauraient que pâlir.

La comtesse disait à toutes ses bonnes amies:

— Ma fille est un prodige de dévouement et d’abnégation ! Qu’elle n’ait pas de goût pour son beau-père, je ne saurais le trouver mauvais et je lui en veux d’autant moins que, dans toutes les lettres qu’elle m’écrit, elle est parfaite à cet égard de convenance et de mesure; mais il ne m’est pas difficile de démêler sa pensée. Adélaïde est trop pure et trop naïve pour savoir dissimuler. Si elle insiste tant pour revenir auprès de moi, savez-vous la pensée qui la dirige ? Elle s’imagine que mon jeune mari ne me rendra pas heureuse et elle veut être là pour me consoler et me soutenir. Elle a conçu ce roman dans sa petite tête et n’en veut pas démordre jusqu’à présent; mais cette fantaisie passera et je tiens à ce qu’Adélaïde reste chez sa tante Thérèse jusqu’à l’époque de son mariage. Elle y est parfaitement heureuse; et vous comprenez que même ce