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père venait de lui annoncer, elle n’y pouvait rien changer, et il n’eût été ni raisonnable ni naturel de faire une opposition quelconque à ce qu’elle devait considérer, au jugement de tout le monde, comme l’événement le plus heureux pour sa famille et pour elle-même.

Elle se plia donc à admettre les compliments de ses compatriotes. Coxe écrivit à son fils, alors en station à Poulo-Pinang, pour l’informer de sa nouvelle situation, et, aussitôt qu’une occasion de voyager sans trop de fatigue eût été combinée, Harriet et son père quittèrent Bagdad et s’acheminèrent vers l’Europe.

Il y a bien des ingrédients divers et des ressorts compliqués dans la nature humaine. Harriet ne laissa pas que d’être vivement distraite, intéressée par ses premiers contacts avec cette Europe, abandonnée depuis tant d’années. En arrivant en Italie, elle eut des émotions charmantes. Son père, toutes les fois qu’il ne craignait pas de la fatiguer, l’emmenait dans les musées et sous les voûtes de ces merveilleuses églises dont le génie du moyen âge et celui de la Renaissance font encore parler les murailles, et de quelles voix, et pour répandre les effusions de quels génies ! Elle mettait dans ces promenades et ces visites moins d’enthousiasme, sans doute, que Coxe, mais elle en était pourtant émue aussi, et, d’ailleurs, voir son père si heureux, c’était beaucoup pour elle. Elle se prêtait donc à ce qu’il voulait d’excursions et d’études, autant que ses forces pouvaient le lui permettre.

Ils visitèrent aussi les villes méridionales de la Péninsule, et, à peu près au moment où Nore revenant du Mexique débarquait à Southampton, ils arrivaient à Rome.

Un matin, ils achevaient de déjeuner. La fenêtre était