prévaricateur, un bourreau de sa charmante femme ; ce fut le dernier des lâches.
La mesure était comble. Les quatre familles intéressées écrivirent à la Cour pour solliciter la déposition, le confinement dans une forteresse, de l’homme convaincu de tant de désordres. Doña Isabelle eut beau supplier ; la requête partit.
Alors don Pierre se dit : si l’on m’arrête, je ne pourrai même plus chercher à la voix.
Il se décida à fuir. Réunir des ressources était impossible. Il n’eût trouvé, à ce moment, personne qui lui voulût rien prêter. Il prit son parti de s’en aller, de se cacher, de vivre comme il pourrait et d’exécuter cette résolution à peu près vers le temps où la réponse de Madrid devait arriver.
Cependant, de leur côté, doña Pilar et doña Carmen, à demi mortes de frayeur, et ne pouvant toujours garder don Juan auprès d’elles, ne crurent pouvoir mieux employer sa présence qu’en se faisant conduire par lui en Portugal où elles voulaient s’enfuir.
Don Pierre, toujours aux aguets, eut vent de cette résolution. La même nuit, il disparut. Doña Isabelle le fit chercher partout. Ses ennemis, guidés par un tout autre sentiment, multiplièrent également leurs efforts. On ne put le retrouver. Alors la pauvre femme du fugitif tomba malade. L’état où elle se trouvait contribua à accroître ses souffrances, et, malgré les soins qui lui furent prodigués, elle mourut, suppliant les siens de pardonner à son meurtrier ; car, disait-elle, il n’a ni la volonté de mal faire, ni le pouvoir de se soustraire à ce qu’il fait.
Pendant ce temps, don Pierre errait dans les montagnes, sur la route du Portugal, à une vingtaine de lieues d’Alhama. En quelques jours, ses vêtements étaient devenus