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Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques, ill. de Becque, 1924.djvu/291

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— Moulla, répondit Abdoullah-Khan, je suis moi-même un homme pacifique, et ne demande pas mieux que de vivre en termes d’amitié avec le seigneur, dont vous venez de prononcer le nom. Malheureusement, il existe entre sa famille et la nôtre plus d’une difficulté, et je voudrais savoir quelle est celle dont vous vous préoccupez en ce moment.

— De la dernière rencontre, répondit Moulla-Nour-Eddyn. Un homme sans mœurs a trouvé moyen de pénétrer dans les chambres saintes de la maison d’Osman-Beg et d’en enlever un des ornements principaux. Dans la générosité bien connue de votre âme, vous donnez asile à ce malfaiteur, et Osman-Beg en vous informant de l’indignité de son adversaire, qui ne vous est certainement pas connue, ne doute pas un instant que vous allez lui livrer le coupable, afin qu’il reçoive un juste châtiment.

— En effet, repartit froidement Abboullah-Khan, les détails que Votre Sainteté veut bien me donner me sont tout-à-fait nouveaux, et, réellement, vous m’ouvrez les yeux. On m’avait menti impudemment. Je croyais que Mohsèn-Beg était le propre neveu de son Excellence Osman-Beg et ne comprenais pas pourquoi une alliance ne pouvait s’effectuer entre deux branches si rapprochées d’une même famille. Je vous demande pardon de ma faute, Moulla.

— Votre Excellence ignore donc que les deux frères, Osman et Mohammed, ne vivent pas en parfaite intelligence ?

— Je ne me rappelle pas trop si je l’ignorais, répliqua Abdoullah avec une expression méprisante ; les Ahmedzyys sont généralement des gens de trouble, et on n’aurait jamais fini de compter leurs querelles ; pour le moment, d’après ce que vous avez la bonté de me dire, Osman déteste son frère Mohammed, et le fils de celui-ci ; il ne veut pas d’union entre les deux familles, poursuit son neveu pour l’égorger et sa fille pour l’assassiner, et Mohsèn s’enfuit chez moi, et demande asile aux Mouradzyys. Vous conviendrez, Moulla, que voilà des gens bien dignes d’intérêt.

Ici Abdoullah secoua la tête, enchanté de sa démonstration et du