Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/113

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on fermait les quelques boutiques restées ouvertes ; des lanternes de couleur brillaient à la porte d’un certain nombre de masures, tandis que les gardes du quartier faisaient la conversation avec les commères occupées à laver leur linge dans le ruisseau courant au milieu de la rue, en ménageant les plus pénibles surprises aux jambes des passants un peu distraits. La marche des deux nouveaux amis ne fut pourtant pas trop longue ; car, au bout d’un quart d’heure environ, Mirza-Kassem fit halte devant une petite porte ogivale entourée d’un mur de pierre ; il souleva le marteau de fer étamé, frappa trois coups, et un nègre esclave ayant ouvert, il introduisit le derviche dans la maison et lui souhaita la bienvenue d’une façon tout à fait cordiale.

Il lui fit traverser la petite cour de dix pieds carrés environ, dallée en grandes briques plates, et au milieu de laquelle était un bassin revêtu de tuiles émaillées du plus beau bleu d’azur, où une eau assez fraîche faisait plaisir à voir. Des rosiers étaient à l’entour couverts de fleurs incarnates. Après avoir monté quelques marches, le derviche se trouva dans un salon de médiocre grandeur, ouvert en face des rosiers ; les murailles étaient agréablement peintes en rouge et en bleu avec des ramages d’or et d’argent ; des vases chinois pleins de jacinthes et d’anémones étaient placés dans les encoignures ; un beau tapis kurde couvrait le sol et des coussins d’indienne blanche à raies rouges couvraient le