Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/12

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tique poussée au dernier excès ; chez tels, la générosité complète, le dévouement, l’affection ; chez tous, un laisser-aller incomparable et la tyrannie absolue du premier mouvement, soit qu’il soit bon, soit aussi qu’il soit des pires. Je n’ai pas cherché davantage à peindre un paysage unique, et c’est pourquoi j’ai transporté le lecteur tantôt dans les aouls des Tjerkesses, tantôt dans les villes turques ou persanes ou afghanes, tantôt au sein des vallées fertiles, souvent au milieu des plaines arides et poussiéreuses ; mais malgré le soin apporté par moi à réunir des types différents, sous l’empire de préoccupations variées et au sein de régions très-dissemblables, je suis loin de penser que j’aie épuisé le trésor dans lequel je plongeais les mains.

L’Asie est un pays si vieux, qui a vu tant de choses et qui de tout ce qu’il a vu a conservé tant de débris ou d’empreintes, que ce qu’on y observe est multiplié à l’infini. J’ai agi de mon mieux pour saisir et garder ce qui m’était apparu de plus saillant, de mieux marqué, de plus étranger à nous. Mais il reste tant de choses que je n’ai pu même indiquer ! Il faut se consoler en pensant qu’eussé-je été plus enrichi, j’aurais