Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/123

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lassitude fut victorieuse de la méditation, et Kassem s’endormit profondément.

Un baiser sur le front le réveilla. Il regarda. Amynèh était à genoux à côté de lui, le pressait entre ses bras, et lui disait :

— Es-tu malade, mon âme ? Pourquoi ne t’es-tu pas couché cette nuit ? Oh ! saints Imams ! Il est malade ! Qu’as-tu, ma vie ? Ne veux-tu pas parler à ton esclave ?

Kassem vit qu’il était grand jour, et, rendant à sa femme le baiser qu’il en avait reçu, il lui répondit :

— La bénédiction soit sur toi ! Je ne suis pas malade, grâce à Dieu !

— Grâce à Dieu ! s’écria Amynèh.

— Non, je ne suis pas malade.

— Qu’as-tu donc fait hier au soir avec ce derviche étranger ? Est-ce que, contrairement à tes habitudes, tu aurais bu de l’eau-de-vie et mangé des grains de pastèque rôtis pour te donner plus de soif ?

— Dieu m’en préserve ! s’écria Kassem ; rien de semblable n’a eu lieu ; nous avons seulement causé très tard de ses voyages… Où est-il, mon hôte ? Il faut que j’aille le rejoindre.

Et, en parlant ainsi, Kassem se mit sur ses pieds ; mais Amynèh continua :

— Le jour est déjà haut depuis longtemps et le soleil n’était pas levé, quand notre nègre, Boulour, a