Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/134

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une volubilité passionnée un bon nombre de rikaats et égrena plus de dix fois son chapelet, en répétant avec ferveur les quatre-vingt-dix noms du Dieu miséricordieux. Par bonheur, d’autres femmes se trouvaient aussi dans le sanctuaire, une entre autres. Celle-ci racontait que son enfant unique, âgé de trois ans, était à toute extrémité ; ces affligées ensemble, et Amynèh avec elles, se soutenaient réciproquement en priant de tout leur cœur.

Après une bonne heure ainsi employée, la jeune femme partit ; à la porte, trouvant de pauvres malades rassemblés autour de la fontaine, elle leur distribua de nombreuses aumônes et s’éloigna couverte de bénédictions.

Toutes ces formules : Que le salut soit avec vous ! Que Dieu vous donne un bonheur parfait ! Puissiez-vous être comblée de tous les biens, vous et les vôtres ! et d’autres semblables ne laissaient pas de résonner mélodieusement aux oreilles de la pauvre souffrante, et elle se disait que peut-être Dieu aurait pitié d’elle. Elle rencontra des cavaliers ; ils passaient entourant un personnage grave monté sur un beau cheval. Elle s’approcha humblement et demanda l’aumône. On voyait bien, à son manteau de la plus fine toile, à son roubend d’une blancheur éclatante et à ses petites pantoufles neuves de chagrin vert, que ce n’était nullement par besoin qu’elle tendait ainsi la main, et les guerriers et le vieux seigneur, considé-