Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/137

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deliner de la tête pendant un quart d’heure, puis se mettait à murmurer : Excellent ! excellent ! excellent ! en extase, et finissait par pleurer et se cogner la tête contre la muraille.

Quand Amynèh entra dans le salon de sa belle-sœur, elle y trouva des visites, comme le lui avait indiqué d’ailleurs la présence de deux paires de pantoufles, toutes pareilles aux siennes, qui se trouvaient devant la porte. Les deux dames, assises à ce moment sur les coussins, n’étaient rien moins que Bubbul-Khanoum, madame le Rossignol, et Loulou-Khanoum, madame la Perle, l’une troisième femme du gouverneur, et l’autre seule et unique épouse du chef du clergé, le jeune et aimable Moulla-Sàdek, l’amateur le plus éclairé de pâtisseries qui se trouvât dans tout Damghàn. Ces dames étaient jolies l’une et l’autre, fort élégantes, et très-rieuses. Comme Zemroud-Khanoum, de son côté, n’était portée à la mélancolie que lorsqu’on l’y obligeait en la contrariant, la conversation allait bon train ; on parlait modes nouvelles, ajustements, santé des enfants, singularités des époux, emportements même de ces messieurs ; ce qui tient toujours une grande part dans les confidences féminines, comme étant le moyen le plus sûr de faire apprécier ses mérites si recherchés, et, enfin, les médisances, les médisances, les médisances ! ce sel, ce poivre, ce piment, ce nec plus ultra des délices sociaux ; bref, tout ce qui peut se dire et même, et surtout, ce qui pourrait se taire,