Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/140

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autres boucles d’oreilles, celles qui étaient inoffensives, non à ses oreilles, mais attachées sur son tjargàt, absolument comme nous autres.

— À propos, interrompit Loulou, puisque nous parlons de modes…

Ici on apporta de nouveau les kaliouns et le thé, et Amynèh espéra, avec raison, que les premiers étant fumés et l’autre bu, la visite allait prendre fin bientôt, et tandis que chacune des belles personnes tenait sa tasse dans la main, Loulou continuant son propos :

— Puisque nous parlons de modes, disais-je, avez-vous vu cette nouvelle forme de veste que les Arméniens ont apportée de Téhéran ? Il parait que toutes les femmes en raffolent, parce que c’est ce que les Européens mettent sous leurs habits, et ils appellent cela yiletkeh. Je m’en suis commandé trois…

— Et moi, deux seulement, répliqua Bulbul ; un en drap d’or et l’autre en étoffe d’argent à fleurs rouges. C’est extrêmement commode pour les nourrissons.

L’entretien se prolongea encore quelque temps sur ce ton, puis les deux dames prirent congé, embrassèrent Zemroud et Amynèh, et se retirèrent emmenant avec elles servantes, kaliares, domestiques, non sans grand tapage, comme il convenait pour des personnes si considérables.

Alors Amynèh se trouva libre de raconter ce qu’elle avait sur le cœur. Elle le fit avec une passion extrême, et Zemroud, transportée d’indignation et de