Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la foule, étalant l’insolence particulière aux beaux jeunes garçons, et que l’on souffre d’eux assez aisément, et demanda au portier, d’une voix arrogante corrigée par un joli sourire, si son ami Assad-Oullah-Beg n’était pas à la maison ?

— Le voici précisément, répondit le portier.

— Que la bonté de Votre Excellence ne diminue pas ! répliqua Gambèr-Aly, et il alla au-devant de son protecteur, qui reçut son salut de la façon la plus amicale.

— Votre fortune est faite, dit Assad-Oullah (le Lion de Dieu).

— C’est par un effet de votre miséricorde !

— Vous méritez tout en fait de biens. Voici ce dont il s’agit. J’ai parlé de vous au ferrash-bachi, chef des étendeurs de tapis de Son Altesse. C’est mon ami, et un homme des plus vertueux et des plus honorables. J’aurais tort de vanter son intégrité ; tout le monde la connaît. La justice, la vérité et le désintéressement brillent dans sa conduite. Il consent à vous admettre parmi ses subordonnés, et, à dater de ce jour, vous en faites partie. Naturellement, il faut que vous lui présentiez un petit cadeau ; mais il tient si peu aux biens de ce monde, que ce sera uniquement pour lui témoigner votre respect. Vous lui remettrez cinq tomans en or et quatre pains de sucre.

— Que le salut du prophète soit sur lui ! répliqua Gambèr-Aly un peu déconcerté. Oserais-je vous de-