maraudeurs, mais pourquoi aller dire qu’il sortait de la taverne ? À qui cette indiscrétion faisait-elle du bien ? Ne valait-il pas mieux revêtir toute son histoire d’un vernis honorable, puisqu’elle devait finir, pour lui, de la façon la plus extraordinaire ? D’ailleurs, il était évident, et me pishkedmèt ne le lui avait pas caché, qu’il avait montré un courage au-dessus de tout éloge.
Ce que le père, la mère et le fils élaborèrent de rêveries dans cette nuit heureuse ne se pourrait enregistrer. Bibi-Djânèm voyait déjà son idole dans la robe de brocard d’un premier ministre et elle se passait la fantaisie de faire bâtonner la femme du rôtisseur, qui avait dit du mal d’elle la veille au soir. Il fallut pourtant dormir un peu. Les trois personnages s’étendirent sur le tapis vers le matin, et, pendant trois heures, goûtèrent, comme on dit, les douceurs du repos ; mais, à l’aube, Gambèr-Aly sauta sur ses pieds ; il fit ses ablutions, débita tant bien que mal et assez sommairement sa prière, et s’avança dans la rue en se balançant sur les hanches, comme il convenait à un homme de sa qualité.
Arrivé devant le palais, il vit comme d’ordinaire, assis ou debout devant la grande entrée, un nombre de soldats, de domestiques de tous grades, de solliciteurs, de derviches et de gens enfin amenés par leurs affaires ou leurs liaisons particulières avec les personnes de la maison. Il se fraya chemin au milieu