Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/278

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douille avec une forte corde ; cette baïonnette tenait à merveille et je n’attendais qu’une occasion de m’en servir.

Je vous dirai que notre exemple avait été suivi. Nous aperçûmes, à une petite distance, trois ou quatre groupes de soldats faisant feu, et les Turkomans n’osaient approcher. En outre, une troupe de trois à quatre cents cavaliers, à peu près, avait chargé lestement l’ennemi, et lui avait repris des prisonniers et un canon. Malheureusement on ne savait ce que les canonniers étaient devenus, ni leurs caissons. Nous jetâmes la pièce dans un fossé. Pendant une heure, nous aperçûmes les Turkomans, qui, au loin, continuaient à prendre des hommes ; puis ils disparurent à l’horizon avec leurs captifs. Alors, nos différents groupes se rapprochèrent, nous vîmes qu’en tout nous pouvions être à peu près au nombre de 7 à 800. Ce n’était pas beaucoup sur six à sept mille qui étaient sortis de Meshhed. Mais, enfin, c’était quelque chose, et quand nous nous retrouvâmes, considérant quels lions terribles nous étions, nous ne doutâmes pas un instant d’être en état de regagner un terrain où les Turkomans ne seraient pas en état de nous prendre. Nous étions si contents que rien ne nous semblait difficile.

Notre chef se trouva être le Youz-Bashy des cavaliers. C’était un Kurde, appelé Rézy-Khan, grand, bel homme, avec une barbe courte, des yeux de feu et