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Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/284

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présenter une requête à vos Altesses. Vous savez que nous sommes de malheureux pères de famille, de pauvres laboureurs, esclaves du Roi des Rois et serviteurs de l’Iran bien Gardé ! Depuis des siècles, nous nous efforçons par tous les moyens qui sont en notre pouvoir de prouver à l’auguste Gouvernement l’excès de notre affection. Malheureusement, nous sommes très pauvres ; nos femmes et nos enfants crient la faim ; les champs que nous cultivons ne rapportent pas assez pour les nourrir, et, si nous n’avions pas quelques occasions de réussir dans un petit commerce d’esclaves, ce qui ne fait de mal à personne, il nous faudrait expirer de misère nous et les nôtres. Pourquoi nous persécuter ?

— Tout ce que vient de nous exposer votre Excellence est de la plus exacte vérité, repartis-je. Pour nous, nous sommes de très-humbles soldats ; si on nous a envoyés ici, nous ne savons pas pourquoi, et, maintenant, déjà comblés des bontés de vos Excellences, nous osons vous prier de nous permettre de retourner à la sainte ville de Meshhed d’où nous sommes venus.

Le Turkoman s’inclina de la manière la plus aimable et me répondit :

— Plût au ciel que cela fût possible ! Mes compagnons et moi sommes tout prêts à vous offrir nos chevaux et à vous prier d’accepter mille marques de notre amitié. Mais jugez vous-mêmes de notre triste position.