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Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/296

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ficiers. Nous nous arrêtâmes et fîmes de profonds saluts.

Un moulla sortit du groupe des officiers et s’avança vers notre troupe. Quand il fut à portée de la voix, il éleva les deux mains en l’air et nous adressa le discours suivant :

— Mes enfants ! gloire à Dieu, le Seigneur des mondes, puissant et miséricordieux, qui a retiré le prophète Younès du ventre de la baleine et vous des mains des féroces Turkomans !

— Amen ! s’écria toute notre troupe.

— Il faut l’en remercier, en entrant humblement dans Meshhed, humblement, vous dis-je, et comme il convient à des malheureux prisonniers !

— Nous sommes prêts ! nous sommes prêts !

— Vous allez donc tous, mes enfants, comme des hommes pieux et des musulmans fidèles, mettre à vos mains des chaînes, et la population entière, attendrie par cette preuve de vos malheurs, vous comblera de ses bénédictions et de ses aumônes.

Nous trouvâmes cette idée excellente et nous en fûmes charmés. Alors, des soldats sortis des rangs des deux régiments s’approchèrent. Ils nous mirent au cou des carcans de fer et aux mains des menottes, et on forma ainsi de nous des bandes de huit à dix enchaînés. Cela nous faisait rire beaucoup et nous nous trouvions très-bien ainsi, quoique le poids de métal fût un peu accablant ; mais il ne s’agissait que de le