Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/297

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porter pendant quelques heures et c’était une vétille.

Quand notre toilette fut terminée, les tambours, la musique, les officiers et un régiment partirent en tête, nous venions ensuite dans notre équipage lamentable, mais fort contents, et sur nos talons marchait l’autre régiment. Bientôt nous aperçûmes la foule des Meshhedys venant à notre rencontre. Nous la saluâmes, et nous eûmes le plaisir de nous entendre couvrir de bénédictions. Cependant le tambour roulait, la musique jouait et quelques pièces de canon firent des salves en notre honneur.

Une fois dans la ville, on nous sépara ; les uns prirent une rue, les autres une autre, et des soldats nous escortaient. Pour moi, avec les sept camarades enchaînés du même train, les menottes aux poings, le carcan au cou, on nous mena dans un corps de garde et il nous fut permis de nous asseoir sur la plate-forme. Là, le sergent qui commandait notre escorte nous engagea à solliciter la charité des passants. Cette idée était excellente ; nous la mîmes à l’instant à exécution avec un succès merveilleux. Les hommes, les femmes, les enfants nous apportaient à l’envi du riz, de la viande et même des friandises ; on nous donnait peu d’argent. Je crois que les braves gens qui venaient à notre aide n’en avaient pas beaucoup pour eux-mêmes.

Le soir, un officier arriva. Nous le priâmes de nous