Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/334

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prenait désormais très-bien le but. La porte, sans cesse ébranlée par de nouveaux assauts plia, les ais se disjoignirent, l’amas de planches tomba avec grand bruit ; Mohammed et les siens ne firent pourtant pas feu. Presqu’au même moment, une ouverture assez grande béait dans la muraille, et ainsi les habitants de la maison se trouvèrent entre les deux bandes d’adversaires qui les prenaient comme dans un étau.

Mohammed s’écria :

— Je ne tirerai pas sur mon frère, ni sur les fils de mon frère ! Dieu me garde d’un pareil crime ! mais, par le salut et la bénédiction du prophète ! Qu’avez-vous donc ? Quelle est cette rage ? Que parlez-vous de Djemylèh ? Si elle est ici, cherchez ! Emmenez-là ! Pourquoi venez-vous troubler au milieu de la nuit des gens pacifiques, vos parents !

Ce langage plaintif, si peu conforme aux habitudes du maître du logis étonna ceux auxquels il était adressé. D’ailleurs, on leur assurait que Djemylèh n’était pas là. S’étaient-ils trompés ? L’indécision les calma un peu. Les colères se tempérèrent. Osman s’écria avec dureté.

— Si Djemylèh n’est pas ici, où est-elle ?

— Suis-je son père ? repartit Mohammed ; Que ferait-elle chez-moi ?

— Cherchons ! cria Osman aux siens.

Ils se répandirent dans les chambres, levèrent les tentures, ouvrirent les coffres, visitèrent les recoins, et