Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/336

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— Tu l’as trouvée ?

— Du moins je ne crois pas me tromper ; et, dans tous les cas, si la femme que je prends pour elle, n’est pas elle, j’ai trouvé Mohsèn-Beg.

Osman eut une illumination subite dans l’esprit. Il s’aperçut pour la première fois que, lorsqu’il était entré dans la maison de son frère, il n’avait pas aperçu son neveu, en effet ; mais il était tellement hors de lui et si occupé alors à se modérer, afin de ne pas manquer son but, qu’à peine avait-il pu se rendre compte des faits les plus nécessaires. Il s’indigna secrètement contre lui-même de son aveuglement, mais, d’un geste impérieux, il ordonna au nayb de poursuivre son récit. Celui-ci, pour bien maintenir l’égalité du rang, auquel sa naissance lui donnait droit, s’assit et reprit la parole en ces termes :

— Quand nous entrâmes chez Mohammed-Bèg, je considérai tous les assistants ; cela sert à savoir avec précision à qui l’on a affaire. Mohsèn-Bèg n’était pas présent. Je m’en étonnai. Je ne trouvai pas naturel que, dans une nuit où il devait y avoir des coups de fusil échangés, un si brave jeune homme se fût absenté. Cette étrangeté m’ayant donné à réfléchir, je ne rentrai pas au logis avec vous, mais m’en allai par le bazar, tournant autour de la demeure de votre frère. Je demandai aux gardes de police s’ils n’avaient pas connaissance d’un jeune homme que je leur décrivis, seul ou suivi d’une femme. Aucun n’avait