Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/363

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Plus il réfléchissait, plus il devenait perplexe, et ses deux interlocuteurs le laissaient tout-à-fait libre, par leur silence, de poursuivre une méditation qu’ils jugeaient salutaire et dont ils attendaient les meilleurs résultats. Enfin, Abdoullah-Khan releva la tête et s’écria péremptoirement :

— Qu’on fasse venir mon fils Akbar !

Au bout d’un moment, Akbar entra, salua et se tint debout près de la porte.

— Mon fils, dit Abdoullah d’une voix traînante et assez humble, fort différente de son accent ordinaire, il plaît au Prince (que les vertus de Son Altesse soient récompensées sur la terre et dans le ciel !), il plaît au magnifique Prince de m’ordonner l’expulsion de Mohsèn. Il faut que ce vagabond soit livré à son oncle, qui va le traiter comme il paraît le mériter, ainsi que l’autre personne coupable ! Tout ce que le Prince ordonne est bien. Je vais me rendre immédiatement auprès de Son Altesse, afin de prendre ses ordres et d’obtenir de la bonté souveraine un moyen de faire les choses sans noircir mon visage. Pour vous, gardez bien cette maison pendant ma courte absence. Veillez à ce que les deux scélérats qui y sont entrés ne s’en échappent pas !… Veillez-y avec soin, mon fils ! Vous pouvez assez comprendre quel malheur affreux serait leur fuite ! S’ils gagnaient la campagne, on ne parviendrait peut-être jamais à les rejoindre ! Vous m’avez bien compris, mon fils ?