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Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/431

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sitôt on entendit de toutes parts, sur les deux flancs des montagnes  :

— N’ayez pas peur ! On n’en veut pas à vous ! Allez-vous-en ! On ne tire pas sur vous !

Et la fusillade fut suspendue un instant, Valerio, profitant de cette trêve, fit rebrousser chemin au cheval de Lucie, et la petite troupe partit au galop et ne cessa pas de courir jusqu’à ce qu’elle fût rentrée au camp, où Kerbelay-Houssein apprit en souriant les détails de l’aventure.

— Si vous m’aviez prévenu ce matin, dit-il à Valerio, que vous aviez l’intention d’aller de ce côté, je vous en aurais dissuadé. Je savais que deux tribus du voisinage avaient l’intention de s’y battre ; c’est ce dont elles s’occupent, et comme cela ne cause de mal à personne, il n’y a qu’à les laisser se fusiller en repos. Dieu est grand et fait bien ce qu’il fait  !

Ainsi conclut le plus sage des muletiers, et, à dater de ce jour, Valerio ne manqua plus de prendre ses conseils sur l’étendue comme sur la direction des promenades qu’il comptait faire avec Lucie.

Un des grands plaisirs de la marche, c’était de se rencontrer aux lieux de campement avec une autre caravane arrivant d’une direction opposée. Naturellement, dans de pareils cas, les chefs respectifs des deux grands corps ambulants se sont assurés à l’avance qu’ils peuvent s’établir l’un près de l’autre sans compromettre leurs moyens de subsister. Alors ce sont