Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/52

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écrire et lire, et qui sait la géographie ! Une fille qui…

Grégoire Ivanitch lui mit la main sur la bouche avec une douce familiarité et continua lui-même la litanie :

— Une fille qui est charmante, mais très-maigre, avec des yeux assez jolis, mais bleus, et pas très-tendres à l’ordinaire ; une fille qui sait une foule de belles choses, je l’avoue, mais qui manie également le couteau d’une manière fort agréable, comme j’en ai reçu moi-même la preuve dans l’épaule, et qui, par malheur, n’est pas toujours d’une humeur accorte ; une fille, enfin, qui est un diable incarné ! Pour ma part, je considère que la payer deux mille roubles, c’est faire son propre malheur aussi cher qu’il est possible.

— Mais un sixième de la somme et rien de plus pour moi !

— Vous voulez dire un tiers !

— Comment ? Mais je partagerai avec Paul Petrowitch !

— C’est-à-dire que vous lui prendrez tout, en outre de ce que vous lui enlevez déjà. Croyez-vous que, lorsqu’il a bu, il ne pleure pas dans mon sein pour la misère où vous le réduisez ? — Grégoire Ivanitch, me dit-il, cette femme-là est si belle, si aimable, si souriante, qu’elle me mettra au tombeau dans le même costume que j’avais en venant au monde ! — Et alors il verse des flots de larmes, il faut que je lui essuie