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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/110

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respectable ou le voyait saluer un personnage dans la rue, il aimait pouvoir dire avec une négligence apparente :

— Tenez ! ce seigneur est le marquis Mocenigo. Famille ducale et assez ancienne ! Ce vieux magistrat est le digne chevalier Barbarigo, dont vous connaissez l’illustration. Pour ce gentilhomme, c’est l’ambassadeur de France, mon meilleur ami !

Bien différent en cela de son beau-père qui, sans jamais s’abaisser, voyait habituellement des gens de toute espèce, pourvu qu’ils fussent honnêtes, et qui, de sa vie, rangée et probe, n’avait été atteint de la peur de s’encanailler.

Les nouveaux amis de don César lui firent connaître force courtisanes et quelques femmes qualifiées d’une réputation très embrumée. Mais cela, comme on pourrait le croire, ne suffisait pas à cette époque, à Venise, pour être ce que nous pourrions appeler, de nos jours, un homme à la mode. Il fallait à toute force avoir une intrigue nouée et parachevée dans quelque couvent. Ne jetez pas les hauts cris ; belle lectrice, ni vous non plus, lecteur qui savez vivre, et soumettez-vous à ce sacrilège, en commentant cette phrase magique : "C’était la mode ! "

Scaramouche - Je me trompe, don César - n’aurait pu supporter la pensée de ne pas être parmi les favoris de cette divinité ; il se mit donc en quête d’une aventure de ce côté-là. Mais, pendant quinze jours, il eut beau parcourir